L'œuvre de Gabriel Fabre est tout entière une sublimation de la sensibilité.
Dans ses graphies comme dans ses photographies ce poète visuel décline un alphabet d'idéogrammes où fusionnent signe et sens. L'image s'y nomme, le mot s'y imagine. L'espace, ainsi investi, fait droit à une sémantique ajustée où chaque forme signifie.
Tout est signe chez lui. Sa langue, photographique et poétique, est une langue de l'écho, du double, du reflet, du flou, du jeu, de l'anagramme, du tremblement, du palimpseste... Forte de son lexique, elle va jusqu'à vouloir résonner dans celle d'un paysage qui bruisse de son nom.
Cette œuvre experte et subtile se livre à une lisibilité décalée. De prime abord, elle nous rappelle que tout est texte et le travail de l'artiste est de nous en livrer la lecture, l'accentuation, la condensation, le déplacement et la profondeur. Mais après coup, dans l'en deçà du sens, elle nous enseigne aussi l'échappée du réel et sa quête infinie.
Tel est peut-être, en cet ultime rebond, le principe de cette esthétique sémantique et la portée de son art.

Claude MONTSERRAT
Nice, le 23 juin 2015

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